15 mai 2007
11 questions pour la commission nationale d'élaboration des nouveaux programmes de technologie au collège
Pour réussir la technologie au collège.
11 questions de l'ANFTech à la commission nationale
1- La problématique d'un programme pour quatre années.
La question de la cohérence du programme de la sixième à la troisième se pose. Il serait dommageable de découvrir année après année le nouveau programme à appliquer. A partir d’objectifs généraux redéfinis pour positionner clairement l’éducation technologique de l’enseignement scientifique, la publication du programme sur les quatre niveaux permettra à chacun de se représenter les buts et les objectifs généraux et spécifiques. Bien entendu l’application du programme par niveau se fera chaque année, mais il est primordial qu’un curriculum soit complet et conçu en tant que tout et non en parties. La méconnaissance ou l’incertitude d’un objectif conduit à des approximations qui induiraient une trop longue mise en œuvre des nouveaux programmes. En conséquence, ce programme devra être simple, précis et suffisamment ouvert pour permettre l’expression didactique et innovante des enseignants de technologie dont l'expérience de terrain a toujours été un atout. Un programme simple et compréhensible donc, qui ne nécessiterait pas la publication de guides pédagogiques trop denses et donc peu lus.
2- Le niveau d'acquisition.
Les critères de performance et de réussite sont à préciser pour chaque compétence et notion du prochain programme (l'utilisation des niveaux taxonomiques approximatifs d'une notion, définition, application et utilisation est à revoir à partir de référents pédagogiques plus actuels comme les théories socio-constructivistes). L'évaluation en technologie reste un enjeu majeur, car c'est à l'aulne des ses résultats, de ses effets sur les élèves, de sa valeur ajoutée que la discipline technologie sera reconnue. Une progressivité des apprentissages dans le champ technologique parait donc nécessaire entre les niveaux. Acquérir une notion en 6ème, qui ne serait pas renforcée aux cycles suivants reviendrait à une diffusion des notions et une appropriation parcellaire. L'enseignement de la technologie a trop longtemps souffert de cet éparpillement des connaissances. La structuration des connaissances a toujours été un enjeu pour la discipline. Le nouveau programme doit donc être le plus explicite sur la question de ses savoirs propres et de leur niveau d'acquisition.
3- La question du et des référents en éducation technologique est primordiale.
Pour n’avoir pas choisi de référent (ou plutôt pour avoir choisi un référent orienté à partir de démarches inspirées de la démarche scientifique) le programme de 6ème trouble la communauté éducative de la technologie au collège. Il n’y a pas de discipline sans concepts propres et sans référent propre. L’identification des notions technologiques afin de renforcer le pôle technique face aux sciences, est nécessaire. Il s’agit de mettre le débat sciences et technologie dans un sens plus équilibré. Dans le réseau de solidarité qui se tisse entre elles, il convient de se poser la question du rôle et comment penser le savoir technique non scientifique. La notion de pratiques sociales de référence de Jean-Louis Martinand est partagée par les didactiques de nombreuses disciplines, elle est donc nécessaire à la construction d’un curriculum. Il s’agit plus particulièrement de définir probablement d’autres références que celles qui servent aux scénarios actuels du cycle central à la démarche de réalisation sur projet, mais ces références doivent être clairement définis. Elles permettront aux enseignants et aux formateurs de la formation initiale et continue de construire des dispositifs de formation cohérents avec les attentes et les besoins futurs de la société (environnement, innovation, développement durable, éco-conception, design, etc...)
4- La démarche d’investigation.
En technologie elle n’a pas sa place en dehors d'une continuité École-Collège pour l'enseignement des sciences et technologie. Elle apparaît comme un artefact mal défini d'autant que pour la mettre en oeuvre il faut posséder des capacités de maîtrise de la démarche technologique ! De même, le thème du transport en 6ème, restreint les possibilités d'études des mouvements qui semble être un thème plus en relation avec une éducation technologique.
5- La place de l'économie-gestion.
Entre les sciences de l'ingénieur et les sciences économiques et de gestion, la notion d'entreprise est celle qui est en jeu comme référence. D'un point de vue social et professionnel l'équilibre entre les domaines doit être rétabli pour permettre que chaque collégien possède une compréhension critique complète de son environnement. Les sciences et techniques industrielles ne sont pas les seuls à pouvoir décoder l'éducation technologique. Le contenu des programmes doit clairement distinguer les contenus et savoirs en éconmie-gestion en équilibre de ceux des sciences de l'ingénieur.
6- La question de l'enseignement professionnel,
La connaissance et la découverte des métiers méritent une attention et une place particulière.
7- La place de l'action.
Le concept de pratique sociale de référence suppose que l'enseignant de technologie possède deux références, celles des gestes professionnelles propre à cet enseignement (travail d'équipe, modélisation, conception et fabrication, distribution) et celles de la maîtrise des technicités d'un projet. Pour éviter donc, une trop grande abstraction des notions en technologie, c'est dans le "faire" que se trouve l'axe principal de l'enseignement de la technologie. La place des réalisations de projet de biens et de services, collectif et/ou individuel reste donc primordiale.
8- La question de l'histoire des techniques
Elle est probablement une piste, elle complète par des activités de découvertes la réalisation, mais elle ne parait pas constituer un savoir propre à l'éducation technologique parce que partagé par d'autres disciplines. Ce champ plus culturel que technologique au demeurant passionnant, constitue-t-il une approche conceptuelle nécessaire ? L'apprentissage des concepts par le processus historique n'a pas encore été prouvé. Il correspond plus particulièrement à une éducation technologique en lycée d'enseignement général qui permettrait de développer une éducation technologie jusqu'en terminale !
9- La place des TIC
Elle devra être clarifiée pour ne pas mettre les enseignants de technologie en porte-à-faux. Entre l’apprentissage des outils et l’utilisation autonome et raisonnée, il y a une place pour une éducation technologique des technologies de l’information et de la communication.
10-Les conditions ;
Un encadrement et un pilotage national de la formation initiale et continue. La question d'une Inspection Pédagogique Régionale et Générale spécifique devient primordiale pour la réussite de la technologie. La mise en perspective de la formation initiale et plus particulièrement de la question du cursus universitaire approprié à l'enseignement de la technologie au collège reste préoccupant. Sans une discipline aux contours mieux définis avec un contenu, des savoirs il parait bien illusoire de concevoir ce cursus pour garantir le renouvellement à venir des enseignants de technologie. Comme toujours, on commence par les programmes alors qu'il faudrait simultanément redéfinir les concours de recrutement.
11-Le concours du CAPET-CAFEP de Technologie
Il semble aujourd’hui opportun de définir les attendus minimaux admissibles du concours de recrutement. Pourquoi ne pas faire une liste des fondamentaux à acquérir et sur lesquels les candidats pourraient être interrogés.
Le président de l'ANFTech
15:50 Publié dans Débats | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Technologie, nouveau programme, IUFM, CAPET Techno
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